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En quoi les vins bio wallons révolutionnent-ils la viticulture ?

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Retour sur la conférence de Vincent Dienst, conseiller technique de l’Association des Vignerons de Wallonie, lors de l’évènement Wall’Oh Bio.

Brève histoire de la viticulture

Au départ, le plant de vigne est une liane, trouvée en lisière de forêt et en bord de rivière, fructifiant sur la canopée, jusqu’à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Elle s’accroche dans des écosystèmes diversifiés. Son objectif premier n’est pas de produire du raisin mais des feuilles et de vivre en communauté, avec les arbres. On la retrouve dans des régions où il fait assez chaud et, comme elle évolue en bord de rivière, ses racines lui permettent de puiser de l’eau en été.

C’est la domestication de la vigne, par l’homme, qui a permis de faire du vin. En effet, une fois que la vigne évolue sur des sols pauvres et qu’elle est taillée chaque année, elle développe une stratégie de survie qui se manifeste par la production de raisins.

Au 15ème siècle, on observe des pratiques d’agro-foresterie chez les Gallo-Romains qui utilisent alors les arbres fruitiers comme tuteurs pour la vigne : olivier, figuier, poirier, cerisier, abricotier, prunier, pêcher, pommier, cognassier (ou arbre à coings), noyer, châtaignier.

Jusqu’au 19ème siècle, l’exploitation de la vigne se fait en associations avec d’autres cultures, ce qui permet aux vignerons d’être autonomes par rapport à divers besoins pour la vinification tels que : le chêne pour la production de bouchons; le châtaigner et l’acacia pour les barriques; le sorbier pour les pressoirs; les arbres fruitiers (pêchers de vigne, pruniers, noyers,); les poireaux de vigne ; … Un écosystème riche où les uns sont au service des autres.

À la révolution industrielle, grâce au développement des transports, les besoins en bois pour la fabrication de barriques, pressoirs, etc sur son propre site de production n’est plus indispensable. Au 19ème siècle, en parallèle du progrès des transports, la crise du phylloxéra* a engendré une hyperspécialisation. C’est au 20ème siècle que sont introduits les herbicides, fongicides et insecticides en vue de maximiser les rendements et diminuer les coûts de main d’œuvre. Résultat, on observe une perte de biodiversité et une mort progressive des sols. Avec la mécanisation et la pression foncière, les arbres, bosquets, haies, etc. sont également supprimés peu à peu.

Conséquence : la vigne est coupée de toute interaction avec son environnement, on s’éloigne de plus en plus de la vigne à l’état naturel comme liane qui vit « en communauté ».

Le label bio

Quels avantages pour l’environnement et la qualité ?

  • L’interdiction d’herbicides, de fongicides et d’engrais de synthèse chimique systémiques permettent le retour d’un sol vivant.
  • L’interdiction d’insecticides permet la présence d’insectes auxiliaires de la vigne et force les écosystèmes à trouver un équilibre naturel.
  • Le label bio impose également une diminution drastique des intrants œnologiques, dont les sulfites.
  • Le cuivre et le soufre, autorisés en bio, ne le sont qu’à des doses minimes qui n’ont pas l’impact négatif que l’on retrouve avec les fongicides de synthèse.
  • Quant à la fumure organique du sol avec des produits naturels, elle favorise la vie du sol.

Le paysage
Le paysage de la viticulture wallonne est particulièrement positif avec un taux de certification très élevé : 51,4 % des vignes (en ha) sont sous contrôle bio (certifiés bio ou en conversion). Si l’on compare à nos voisins français, les régions sur le haut du podium sont : la Corse avec 35% des vignes sous certification, suivie de la région PACA avec 33,4%, et finalement le Centre Val-de-Loire avec 29%. Et une moyenne de 21,5% de vignes (en ha) en bio si l’on considère la France entière.

Forces des vignerons wallons certifiés bio

De par ces chiffres, on constate donc une conscience écologique très importante chez nos vignerons wallons. Mais quels sont leurs forces ?

  • Ils n’ont pas le poids du passé tel que le connaissent les Français. Il est plus facile de produire directement en bio que de convertir un vignoble en fonction depuis longtemps. Les vignerons wallons sont également plus libres d’innover, et ont plus de liberté dans le choix de cépages plus résistants, contrairement à la France où ils sont tenus par les appellations.
  • Les vignobles wallons sont plus morcelés, avec une moins grande densité, plus d’espace entre les vignes, ce qui est un avantage pour diminuer la propagation des maladies.
  • Le prix du foncier est relativement abordable, si l’on se compare à la Champagne par exemple.
  • La Wallonie bénéficie d’un écosystème agricole diversifié, dont les vignobles bénéficient également. On pense par exemple aux cultures de betteraves, les grandes cultures, mais également les élevages avec leur apport en fumure qui est un apport de choix en viticulture.

De par ces chiffres
Les vignerons wallons ont donc toutes les clés en mains, et les connaissances, pour relever les défis de la viticulture de demain, avec des paysages diversifiés, le retour d’un sol vivant, et la plantation de plantes mellifères et pollinifères étalées sur toute l’année, bandes fleuries, arbres, arbustes.

Exemples de bonnes pratiques, pour aller encore plus loin que le cahier des charges bio

  • Haies plantées et/ou entretenues pour favoriser la biodiversité. Si, en plus, les vignes sont situées en lisière de forêt, elles bénéficient de ce réservoir de biodiversité grâce aux haies qui jouent le rôle de relais de biodiversité.
    Où ? Chez pratiquement tous les vignerons bio wallons
  • Compostage des rafles (marc) après les vendanges qui serviront comme engrais l’année suivante. En Belgique, le marc qui se compose des restes issus de la presse des raisins, peut être composté. Contrairement à la France où le marc part en distilleries pour contrôler la production et éviter les fraudes (hectolitre de vin = quantité de marc qui arrive en distillerie).
    Où ? Domaine Vins des cinq, Domaine W, Vignoble du Château de Bousval
  • Biodynamie : respect du cycle naturel de la vigne en tenant compte, par exemple, des cycles lunaires, … pour augmenter la résistance des vignes.
    Où ? Château de Bioul, Domaine W, Vignoble du Château de Bousval
  • Animaux en pâturage dans les vignes pour bénéficier du fumier.
    Où ? Château de Bioul, Domaine viticole Vin du Pays de Herve
  • Perchoirs à rapaces, contre les ravageurs
    Où ? Château de Bioul, Domaine viticole Vin du Pays de Herve, Vignoble du Château de Bousval
  • Ruches en bordure de vignes avec saule marsault pour avoir des pollinisateurs tôt dans la saison.
    Où ? Domaine W, Domaine viticole Vin du Pays de Herve, Domaine de Longuesault
  • Bandes fleuries en bordure de vigne et à l’intérieur de la vigne, d’où l’avantage d’avoir des bandes plus larges entre les plants, pour maximiser la biodiversité.
    Où ? Domaine de Longuesault, Domaine W, Vignoble du Château de Bousval
  • Encouragement au développement de la biodiversité grâce à la pose d’abris à insectes ou nichoirs pour oiseaux
    Où ? Domaine Vins des cinq, Domaine W, Château de Bioul
  • Utilisation de nouveaux cépages plus résistants aux maladies, cépages interspécifiques.
    Où ? Dans la majorité des vignobles bio wallons

Conclusion

Conclusion

Les vignerons bio wallons sont pionniers en viticulture avec les cépages choisis, mais cette diversité de cépages ne permet pas de donner une typicité des vins bio wallons. Ce qui les réunit en Wallonie, c’est le climat, qui offre des vins de qualité qui ne sont pas très alcoolisés, et frais.

* Maladie
* Maladie de la vigne causée par un insecte du même nom. Elle a provoqué des dégâts considérables dans les principales régions viticoles d’Europe à la fin du XIXe siècle.


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Auteures : Hélène Castel & Mélanie Mailleux