Retour d’expériences du voyage en Drôme à la rencontre du Bio et de la Biovallée
Autrice : Bénédicte Henrotte, Biowallonie
Cette année, Biowallonie s’est associée au Réseau wallon PAC et à TerraLab pour proposer en plus de la visite du salon international de l’agriculture biologique Tech&Bio, de profiter du voyage jusqu’en Drôme, pour aller à la découverte de la Biovallée, association qui oeuvre à soutenir et valoriser les initiatives locales au service de la transition écologique et sociale dans le bassin de la Drôme. Et comme nous ne souhaitions pas faire les choses à moitié, nous avons également proposé aux participant·e·s de découvrir sur la route du retour, à proximité de Lyon, une entreprise familiale de fabrication de moulin sur meule de pierre « Astréia » – le gérant étant lui-même agriculteur et boulanger bio et de réaliser une visite d’un agriculteur et d’une fabricante de pâtes bio dans le cadre du projet Blé dur.
Tout au long de ce séjour s’étant déroulé du 22 au 26 septembre 2025, ont eu lieu de nombreux échanges et découvertes entre acteurs et actrices de terrain. Nous espérons que cela mènera à de nouvelles collaborations, ainsi qu’à une meilleure compréhension du Bio et de nos missions respectives. Retrouvez ci-dessous un court résumé du voyage et quelques témoignages des participant·e·s : chargé·e·s de mission de Groupements d’Action local (GAL), des acteurs et actrices de la recherche en bio, de l’encadrement, … et des agriculteurs et agricultrices bio !
Voyage en Biovallée
L’association Biovallée est née d’un projet collectif pour rendre la rivière Drôme baignable et attractive. Elle rassemble en 4 chambres les communes (collectivités), les entreprises et les habitants, des entreprises, des 1 000 associations et des citoyen·e·s.
Julie Delclaux, salariée de l’association, nous explique qu’actuellement, il existe une sorte de clivage entre bio pour « vallée de l’agriculture biologique » et bio pour « bios , « vallée de la VIE » . En effet, même s’il y a encore 10 ans, beaucoup d’acteurs et actrices de la Biovallées étaient impliqués dans les filières bio de Drôme, aujourd’hui, l’association, sans rejeter le bio, est tournée vers la coopération entre et au service des acteurs qui s’engagent pour une transition écologique et sociale du territoire.
La marque Biovallée®, créé en 2002, est quant à elle, une sorte d’appellation géographique protégée pour le territoire de la Biovallée. Elle a pour objectif de développer une économie locale et durable pour préserver les ressources naturelles et assurer aux habitants l’accès aux services essentiels. Ainsi, tous ses adhérents ont pour objectifs d’assurer leur autonomie énergétique, d’acheter local, d’utiliser des fonds éthiques, d’avoir 100 % des déchets organiques compostés, d’être certifié bio, de favoriser la mobilité douce…). Celle-ci n’est malheureusement plus très utilisée et connue localement.
La Biovallée, c’est donc surtout un territoire de convictions en transition depuis 20 ans –qui attire les urbains (néoruraux ) en quête de sens. Les rencontres organisées par Terra Lab durant le séjour, nous ont permis de découvrir ce territoire à travers des rencontres de producteurs pionniers, coopératives, élus, techniciens et citoyens engagés, afin d’analyser les réussites et difficultés de la Biovallée et de chercher à identifier des leviers réplicables ou à inventer pour la Wallonie.
Une des premières rencontres en Biovallée, a été celle de de Samuel Bonvoisin, enfant d’un agriculteur conventionnel dans le Nord de la France. Il nous a permis de comprendre la Biovallée avec sa vision de nouvel arrivant dans le territoire et le conseil d’administration de l’association. Nous avons avec lui fait un débriefing du film « la théorie du Boxeur » – l’agriculture face au défi climatique – de Nathanaël Coste. Nathanaël enquête dans la vallée de la Drôme pour comprendre comment les agriculteur·rice·s s’adaptent à l’assèchement de la Drôme. Ils et elles cherchent des solutions : changement de culture, de système d’irrigation, création de retenue d’eau, captage du Rhône mais ce sont des solutions à court terme. C’est là qu’intervient Samuel co-auteur du livre « Cultiver l’eau douce, qui nous parle de l’hydrologie régénérative. Samuel vient régulièrement en Belgique présenter son travail, son livre … Il était aussi au salon Tech & Bio pour une conférence. Retrouvez le compte rendu complet du Réseau PAC via ce lien.
Salon Tech & Bio
Tech & Bio reste le salon incontournable pour découvrir les innovations en termes de techniques de l’agriculture biologique (drônes, lasers, …), il devient aussi le rendez-vous des acteurs et actrices impliqué·e·s dans la transition agro-écologique. En effet, cette année, beaucoup de nouveaux thèmes autour de la protection de l’eau -qualité du sol – comment éviter les dérives et protéger les abeilles – la valorisation des ressources (eau, sol, soleil ; …) ont été mis en avant.
Au menu : des démonstrations de machines, des présentations d’essais, des ateliers et des conférences sur des thèmes variés autour de l’amélioration des pratiques, la sélection variétale, les aspects économiques des filières, la cohabitation entre agriculture et apiculture, l’enjeu de l’agriculture bio face au changement climatique, et son rôle social.
Des exemples de conférences:
- Adaptation aux Changements Climatiques : répartir, infiltrer, récupérer et économiser l’eau sur sa ferme
- « Pulvérisation en verger bio : optimiser l’application pour plus d’efficacité »
- « Comment « Démarrer en Agriculture Biologique de Conservation ?» – Comparaison de techniques sans labour en conventionnel- bio et bio sans labour : la bonne nouvelle les sols bio sont meilleurs en termes de rhizosphères et stockent beaucoup de carbone, même entre 20 et 50 centimètres de profondeur.
- « La Vitiforesterie : pourquoi et comment ? »
- « Les clés pour réussir l’implantation de couverts végétaux en interculture.
Quelques témoignages
La conférence sur « Les clés pour réussir l’implantation de couverts végétaux en interculture » a particulièrement retenu l’attention des agriculteur·rice·s· de notre délégation ! « Nous devrions avoir des cours plus précis sur leur implantation » m’explique Justine, jeune diplômée en agro! « Le témoignage d’un agriculteur était très interpellant », m’explique Christophe, pour montrer l’impact du choix du mélange d’engrais. Léopold m’explique également qu’il a découvert l’importance de l’écartement des rangs de céréales sur la réussite de l’implantation du trèfle en culture sous abri et été intéressé par la méthode pour prédire la minéralisation après destruction de l’engrais vert et une description des spécificités de différentes variété d’engrais verts : période de floraison-facilité de destruction, etc.
Julie (CPL-VEGEMAR) et Alexandre (coordinateur de la cellule transversale de recherche en production biologique au CRA-W) ont quant à eux fait un tour des exposant·e·s à la recherche de solutions à la suppression du Cuivre (voir article « REFLETS » de l’Itinéraires BIO 85 (nov.-déc. 2025)). Malheureusement,
il n’y a pas encore de solutions chez les firmes, et les essais en sont au démarrage.
Patrick (Biowallonie) a aussi découvert de nouveaux auxiliaires de culture – micro-organismes pour la lutte contre les ravageurs – et une étude intéressante sur la fertilité des sols, menée par l’ITAB, CREA bio et Terre innovation sur l’ étude sur la fertilité des sols en 3 axes : fertilité pour la production, qualité du sol : conservation de la biodiversité, régulation des bioagresseur, … et santé des sols pour répondre aux objectifs européens. L’étude est en cours, résultat à suivre.
Pierre-Yves (Biowallonie) est revenu positif : l’état des lieux des filières bio est bonne en France mais aussi dans d’autres pays européens comme le Danemark, l’Espagne et l’Italie. Il nous apprend aussi qu’une étude menée par l’INRAE montre que les consommateurs et consommatrices se méfient encore trop souvent du Bio, n’identifient pas les contraintes du cahier des charges bio et que l’entourage de biosceptiques fait baisser la consommation bio de 5.7 % ! En France, retour à la confiance des acteurs. La reprise du commerce bio +4.1% en moyenne : GMS 1.4%, magasin 6.2%, vente directe : +8.8%. Les magasins spécialisés voit leurs clients revenir : ils retrouvent du pouvoir d’achat et ne trouve plus de bio dans les GMS. L’Espagne et l’Italie, gros producteur bio, commence à consommer ! Les revenus des agriculteurs varient fortement en fonction des filières (le lait et l’arboriculture s’en sort mieux (si année sans catastrophe climatique) que le maraichage et la viande (même si en raison de la maladie de la langue bleue, le prix des bovins est très bon).
Thierry (chargé de plaidoyer à l’UNAB) a noté que qu’en France, les communes peuvent jouer un rôle important pour le développement du Bio en se déclarent « territoire Bio engagé » si par exemple, elles soutiennent les cantines scolaires bio, les marchés bio, le travail sur le foncier agricole, etc. Un peu comme « village fleuri », elles sont identifiées pour leur effort qui peuvent être divers : soutien au producteurs locaux, cantines scolaires bio, marché bio, travail sur le foncier agricole, marché publics, distribuer des paniers bio aux femmes enceintes, etc. Au Danemarck, la bio n’est pas qu’un segment de marché, c’est un outil saisi par le ministère pour régler différents problèmes : qualité de l’eau, santé, environnement. Le résultat : la part de marché du bio est de 12% comparativement à nos 5%.
Tous et toutes peuvent repartir avec des informations et contacts utiles au développement de leur projet agricole : innovation à la ferme, travaux de recherches, développement de conseils, …
Quelques autres retours des conférences
INRAE : « La consommation de produits bio : évolution récente des attentes et pratiques »
Après une décennie de forte croissance, les ventes de produits bio ont connu une forte baisse à partir de 2022. Inflation, accessibilité, concurrence avec d’autres allégations, méconnaissance du bio et défiance des consommateurs, incohérence de l’offre (bio hors saison ou « du bout du monde ») sont les principales explications avancées. Trois interventions viendront éclairer les caractéristiques de l’achat des produits bio au regard de ces différentes hypothèses.
Attention à l’influence inter-entourage : il se rendent compte que les bio septiques ont une énorme influence, en côtoyer fait baisser la consommation bio de 5.7%
Les consommateurs se méfiants encore trop souvent du bio (c’ets du marketing, ..) et n’identifient pas les contraintes du cahier des charges bio. Par contre, une communication de masse sur les plus value du bio, peut -être totalement inutile : inrae vient de dterminer que l’entourage est l’élément le plus determinant chez ceux qui n’achètent pas bio à plus que le prix, plus que le capital culturel ! On doit donc tenir compte des canaux de communication et le choix des messages.
Résultats du Baromètre du moral des agricultrices et agriculteurs bio
L’Agence BIO renouvelle pour une deuxième édition une enquête auprès des agriculteurs.trices bio pour leur permettre de s’exprimer sur leur moral, leurs motivations et leurs inquiétudes et plus généralement leur perception de l’activité d’agricultrice et d’agriculteur bio. En mai 2025, l’Agence BIO a envoyé une enquête aux 61 163 producteurs.trices. La crise du bio étant toujours abondamment commentée, les agricultrices et agriculteurs bio en tant que premiers concernés partageront leur avis et ressentis dans cette présentation. Un zoom sur certaines régions et certaines filières sera présenté.
La première édition avait été faite en 2023 et montrait que le bio est un facteur d’attractivité du métier agricole, crucial pour remplacer les départs à la retraite. Une grande majorité des répondants déclarait qu’être en agriculture biologique contribuait à leur bonheur et qu’ils étaient fiers d’être en bio. Le choix de l’agriculture biologique participait à donner du sens à leur métier, être en accord avec leurs valeurs et leurs aspirations. Produire en bio ressortait comme un choix individuel qui sert l’intérêt collectif.
Garder le cap : les facteurs clés de succès des filières bio – Cerfrance analysent les impacts sur les principales filières bio et mettent en évidence les leviers qui permettent d’améliorer la robustesse des exploitations.
Toutes les présentations proposées durant les 2 jours peuvent être retrouvées via ce lien.
Le plus de cette édition : des vidéos inspirantes avec les témoignages des lauréat·e·s du concours « les éclaireurs ». Tous et toutes ont pu repartir avec des informations et contacts utiles au développement de leur projet agricole : innovation à la ferme, travaux de recherches, développement de conseils, …
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