Passer au contenu principal
Fermer menu

L’impact des emballages alimentaires sur notre santé

emballages-alimentaires-santé

Sachets en plastique, barquettes en aluminium, boîtes de conserve, boîtes en carton, … Les emballages sont légion sur les étals des magasins d’alimentation et sont aujourd’hui largement décriés pour leur impact écologique. Ce n’est pas tout, les études scientifiques convergent également pour montrer les dangers que présentent certains de ces matériaux sur la santé des consommateur·rices, qu’ils sont pourtant conçus pour protéger.


Les perturbateurs endocriniens

Les composants chimiques que renferment les emballages sont susceptibles de migrer dans les aliments et les boissons avec qui ils sont en contact. Les inquiétudes concernent tout particulièrement les perturbateurs endocriniens, que l’on retrouve dans les emballages en plastique, en aluminium ou encore en papier ou en carton qui sont résistants à l’eau ou aux graisses.

Les perturbateurs endocriniens sont définis par l’Organisation Mondiale de la Santé comme des substances « qui altèrent les fonctions du système endocrinien (production d’hormones) et entraînent par la suite des effets néfastes pour la santé chez l’organisme intact, sa descendance ou les (sous)populations. ». Les déséquilibres et dysfonctionnements du système endocrinien peuvent entraîner des maladies, telles que le diabète et l’obésité, la stérilité et certains types de cancer, mais également causer des malformations congénitales et des troubles de l’apprentissage1.

Parmi les perturbateurs endocriniens pointés du doigts par le monde scientifique en raison de leur présence dans les aliments et de leur toxicité sur la santé, on retrouve les phtalates, le bisphénol A, l’aluminium et bien sûr, les PFAS.

Plastification du vivant

Sur plus de 400 millions de tonnes de plastique produites dans le monde chaque année (contre 2 millions en 1950), environ 40% sont dédiées au secteur de l’emballage, et principalement pour fabriquer des emballages à usage unique. Ces plastiques sont largement plébiscités par le secteur alimentaire en raison de leurs propriétés et de leur composition2. Des additifs, appelé plastifiants, sont mélangés à ce plastique, pour en améliorer encore les propriétés. Ces derniers ne restent pas attachés au plastique, mais diffusent dans notre organisme et peuvent avoir un effet délétère sur notre santé, particulièrement sur notre système endocrinien3. Les exemples les plus connus sont les phtalates et le bisphénol A.

L’utilisation des phtalates est répandue car ils confèrent de la flexibilité à des plastique de type PVC (polychlorure de vinyle)4. Le PVC est utilisé pour fabriquer notamment le film alimentaire et les emballages flexibles. En 2021, ces substances ont fait l’objet d’une consultation publique sur demande de la Commission européenne, qui souhaitait que l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) mène des travaux préparatoires en vue de la réévaluation des risques pour la santé publique associés à la présence de tels plastifiants5.

Le bisphénol A entre quant à lui dans la composition du polycarbonate, un type de plastique transparent et rigide utilisé entre autres pour fabriquer des bouteilles réutilisables. Il est également retrouvé dans les revêtements internes des canettes et des boîtes de conserve. L’Union européenne avait déjà fait un premier pas en 2001 en retirant le bisphénol A de tous les biberons, mais une proposition de restriction pour tous les contenant en contact avec les aliments devrait enfin être adoptée avant la fin de 20247. Cette décision fait suite à une nouvelle réévaluation des risques sur la santé publique réalisée par l’EFSA en avril 2023, qui a abouti à une réduction considérablement la dose journalière tolérable (DJT) fixée lors de sa précédente évaluation en 2015 (à la lumière des nouvelles données scientifiques, les experts ont défini une DJT environ 20.000 fois plus basse que la précédente)6.

Les PFAS, polluants éternels

Le plastique n’est pas le seul coupable. Un groupe de substances a fait beaucoup parler de lui ces derniers temps : les substances per- et polyfluoroalkylées, les fameux PFAS. Leurs propriétés d’imperméabilités, de résistance à la chaleur, à l’eau, aux corps gras les ont fait entrer dans la composition de quasiment tous les emballages en contact avec les aliments8.

Les caractéristiques des PFAS diffèrent d’un composé à l’autre (il en existe près de 4 500 !) et ne sont pas encore toutes bien connus. Néanmoins, il est avéré que certains PFAS sont persistants, c’est-à-dire peu ou pas dégradables dans l’environnement, bio-accumulatifs, donc s’accumulent dans le corps humain, les animaux et les plantes et présentent des effets indésirables largement documentée scientifiquement8,9.

Une enquête européenne réalisée en 2021 montre que l’utilisation et la contamination par les PFAS sont très répandues dans les emballages alimentaires et la vaisselle jetables en Europe. Le rapport met en exergue le contraste entre l’extrême persistance des PFAS et la très courte durée d’utilisation de ces articles. Il rappelle également que « des alternatives aux traitements aux PFAS et, plus important encore, que des emballages et de la vaisselle sûrs, durables et réutilisables sont largement disponibles »10.

En septembre 2020, l’EFSA a publié un avis scientifique sur les risques sanitaires résultant de la présence de ces substances dans les aliments. Dans ce document, il fixe une nouvelle valeur seuil pour les principaux composés PFAS qui s’accumulent dans l’organisme11. Au niveau de l’Union européenne, la Commission devrait procéder à une évaluation afin d’évaluer la nécessité de modifier ou d’abroger cette restriction, afin d’éviter les chevauchements avec les restrictions à l’utilisation des PFAS énoncées dans d’autres actes juridiques de l’Union7. Le Danemark n’a pas attendu une décision européenne et a interdit la présence de PFAS dans tous les emballages alimentaires depuis 2020.

Quels facteurs aggravent la migration des perturbateurs endocriniens ?

Choisir un emballage inoffensif pour la santé humaine n’est donc pas chose facile. D’autant plus que la potentielle migration des perturbateurs endocriniens du contenant vers l’aliment peut être influencée par d’autres facteurs, en lien avec le mode de conservation ou d’utilisation du produit qu’il contient. Ainsi, le type d’aliment qu’il contient, les températures auxquelles ils sont soumis ou encore leur durée de vie sont des éléments à prendre en compte lors du choix des contenants12.

Par exemple, les emballages en aluminium, très appréciés pour leur tolérance à une gamme très large de températures, relarguent davantage d’aluminium lorsqu’ils sont chauffés. Un autre facteur aggravant la migration est l’acidité des aliments qu’il contient ou le contact prolongé de l’aliment avec celui-ci (par exemple pour les aliments à longue durée de conservation)13.

C’est également le cas des emballages en plastique, qui, en contact avec des aliments gras, acides, chauds, qui passeront au micro-onde ou qui resteront plusieurs jours en contact avec l’emballage, présenteront des risques plus élevés de migrations des perturbateurs endocriniens qu’ils renferment.

Quels matériaux privilégier ?

Certains matériaux sont plus stables et donc moins susceptibles de relarguer des perturbateurs endocriniens lorsqu’ils sont mis en contact avec les aliments. C’est le cas notamment des contenants en verre, en céramique, en porcelaine, en inox ou encore en bois non traité14. Ces matériaux seraient donc à privilégier pour protéger la santé des consommateur·rice·s.


Sources :
1 Sciensano, Perturbateurs endocriniens : https://www.sciensano.be/fr/sujets-sante/perturbateurs-endocriniens.
2 Les Echos, La crise du plastique en dix graphiques, 4 mars 2020 : https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/la-crise-du-plastique-en-dix-graphiques-1181798.
3 Dr Patricia Rannaud-Bartaire, « Les perturbateurs endocriniens de son alimentation afin d’optimiser sa santé », Conférence Coopérabio, 17 avril 2024.
4 Institut de cardiologie de Montréal, Les phtalates : une composante de certains plastiques et produits cosmétiques nuisible à la santé humaine, 23 novembre 2021 : https://observatoireprevention.org/2021/11/23/les-phtalates-une-composante-de-certains-plastiques-et-produits-cosmetiques-nuisible-a-la-sante-humaine/.
5 EFSA, Phtalates : consultation publique sur le projet d’avis scientifique et le protocole d’évaluation de l’exposition, 5 novembre 2021 : https://www.efsa.europa.eu/fr/news/phthalates-draft-opinion-and-exposure-protocol-open-public-consultation
6 EFSA, Bisphénol A, 22 novembre 2023 : https://www.efsa.europa.eu/fr/topics/topic/bisphenol.
7 Résolution législative du Parlement européen du 24 avril 2024 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif aux emballages et aux déchets d’emballages, modifiant le règlement (UE) 2019/1020 et la directive (UE) 2019/904 et abrogeant la directive 94/62/CE (COM(2022)0677 – C9-0400/2022 – 2022/0396(COD)): https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/A-9-2023-0319_FR.html.
8 Sciensano, Substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) : https://www.sciensano.be/fr/sujets-sante/substances-et-polyfluoroalkylees-pfas.
9 Fenton SE, et al., Per- and Polyfluoroalkyl Substance Toxicity and Human Health Review: Current State of Knowledge and Strategies for Informing Future Research. Environ Toxicol Chem. 2021 Mar;40(3):606-630 : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33017053/; Zahm S, et al.,
Carcinogenicity of perfluorooctanoic acid (PFOA) and perfluorooctanesulfonic acid (PFOS)
Lancet Oncol, 30 novembre 2023 : https://monographs.iarc.who.int/fr/news-events/volume-135-evaluation-des-effets-cancerogenes-de-lacide-perfluorooctanoique-et-lacide-perfluorooctanesulfonique/ ; Nathan J., et al., Exposure to perfluoroalkyl substances and women’s fertility outcomes in a Singaporean population-based preconception cohort, Science of The Total Environment, Volume 873, 2023 : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0048969723008835?via=ihub ; Kim J.I., et al., Association between early-childhood exposure to perfluoroalkyl substances and ADHD symptoms: A prospective cohort study, Science of The Total Environment, Volume 879, 2023 : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S004896972301700X?via=ihub.
10 Générations futures, Enquête européenne sur les PFAS dans les emballages alimentaires et la vaisselle jetables, 20 mai 2021 : https://www.generations-futures.fr/wp-content/uploads/2021/05/rapport-pfas-v8.pdf.
11 EFSA, PFAS dans les aliments : l’EFSA évalue les risques et définit un apport tolérable, 17 septembre 2020 : https://www.efsa.europa.eu/fr/news/pfas-food-efsa-assesses-risks-and-sets-tolerable-intake.
12 Test Achats, Migration de substances à risque des emballages et récipients vers les aliments, 14 juin 2023 : https://www.test-achats.be/sante/alimentation-et-nutrition/securite-alimentaire-et-additifs/dossier/migration-emballages-alimentaires.
13 Association Santé Environnement France, L’aluminium, ce métal qui nous empoisonne : La synthèse de l’ASEF, 27 avril 2017 : https://www.asef-asso.fr/production/laluminium-ce-metal-qui-nous-empoisonne-la-synthese-de-lasef/.
14 Ecoconso asbl, Comment se protéger des PFAS ?, 13 décembre 2023 : https://www.ecoconso.be/fr/content/comment-se-proteger-des-pfas.