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L’herboristerie de Flo’Maraîchage, le projet d’Anne-France

L’herboristerie de Flo’Maraîchage, le projet d’Anne-France

À Gaurain-Ramecroix, près de Tournai, se niche la ferme Flo’Maraîchage, où se côtoient grandes cultures, maraîchage… et plantes aromatiques ! Derrière cette dernière activité se trouve Anne-France, cultivatrice et herboriste passionnée.


Une vocation guidée par la santé et la nature

Anne-France entretient un lien fort avec la santé. Infirmière de formation, elle enseigne aujourd’hui la promotion de la santé à la Haute Ecole Louvain en Hainaut. Transmis par sa maman, son amour des plantes l’a menée à se former à la phytothérapie à l’École des Plantes de Lessines. Elle a ensuite complété son parcours par une formation en herboristerie et gestion à l’IFAPME. Cette double sensibilité – pour la santé et les plantes – l’a conduite à bâtir un projet singulier au sein de la ferme Flo’Maraîchage. Cette ferme tire son nom de Florian, son fils, où on y cultive, sur 20ha, de l’épeautre, du froment, des pommes de terre, du colza et de la caméline pour les huiles, une grande diversité de légumes… et bien sûr, les plantes aromatiques et médicinales !

Historique

Le projet d’herboristerie remonte à 2015. Au démarrage, Anne-France avait fait le choix de ne rien commercialiser tant que la conversion bio de ses terres n’était pas achevée, ce qui lui a laissé deux années pour expérimenter. Cette période de recherche et développement lui a permis de tester ses tisanes, en recherchant à la fois l’harmonie des goûts, l’esthétique des mélanges et l’équilibre des principes actifs. C’était aussi le moment de définir quelles plantes cultiver selon les produits envisagés, tout en tenant compte des contraintes du sol. Certaines plantes, comme les bruyères, ne sont pas adaptées à son terroir.

Ce travail de test l’a également conduite à affiner l’usage approprié des différentes variétés d’une même espèce : « L’origan vulgaire est idéal pour les tisanes, mais des variétés plus relevées comme l’origan spicy conviennent mieux à la cuisine. De même, le thym orange, au parfum subtil, est parfait en cuisine. »

Aujourd’hui, Anne-France cultive environ 45 plantes aromatiques différentes sur une parcelle d’un hectare : sauge, estragon, plusieurs variétés de thym et de menthes, agastache anisée, verveine citronnée, verveine argentine, des pétales de fleurs comme la rose de Damas, le coquelicot, la mauve, le bleuet,… Une véritable palette de senteurs et de saveurs !

 

 

Ses plantes sont transformées en tisanes (pas moins de 28 sortes différentes !), sirops (comme thym-mauve ou menthe), vinaigres aromatisés, ou encore en épices, notamment des mélanges pour grillades. L’ensemble de ces produits est principalement vendu au magasin à la ferme, ainsi que dans quelques points de vente locaux comme Croquez Local à Tournai.

Complémentarité avec les autres activités de la ferme

Les plantes aromatiques bénéficient des atouts techniques de la ferme. Les planches de plantes aromatiques sont cultivées avec le même interligne que les légumes (75cm), permettant l’utilisation des mêmes outils (bineuse, planteuse). Florian apporte son expertise technique sur la conduite des cultures : fertilisation, désherbage, couverts…

Cette synergie se retrouve dans la transformation des produits. Le basilic d’Anne-France rejoint l’épeautre de Florian pour la fabrication des pâtes maison, tandis que leur huile italienne mêle le colza cultivé par Eline (la compagne de Florian) aux herbes d’Anne-France.

Côté vente, cette complémentarité continue. Les tisanes et aromates trouvent leur place aux côtés des légumes, aussi bien sur les marchés qu’au magasin à la ferme. Le temps de commercialisation est mutualisé, rendant la vente plus efficace.

Plants

Pour ses plantations, Anne-France s’appuie sur un partenariat précieux avec un fournisseur français reconnu : la S.A.R.L. Les Tilleuls en Provence. Spécialisée dans les plantes aromatiques, cette pépinière propose une grande diversité de variétés, dont certaines sont résistantes au froid et donc bien adaptées à nos climats. Le lien avec ce fournisseur va au-delà de la simple commande : un dialogue s’est installé, il donne des conseils et laisse la possibilité de tester progressivement de nouvelles variétés pour affiner les choix culturaux.

Pour faciliter l’accès à ces plants, Anne-France organise des commandes groupées avec d’autres maraîchers locaux. Les plants arrivent chez elle sous forme de mini-mottes en plaques de 104, 154 ou 187 alvéoles. Leur transport, qui prend déjà deux jours, exige une logistique rigoureuse : les maraîchers doivent venir retirer leurs plants le jour même de la livraison.

Production et récolte

Anne-France a fait le choix d’une culture sobre en eau : l’arrosage est limité à la période de reprise des plants. Le sol de la ferme, limono-sableux mais riche en matière organique, permet ce mode de culture peu gourmand en irrigation.

La plupart des plantes sont repiquées chaque année (à l’exception des bleuets et mauves qui sont ressemées), généralement au mois d’avril. Certaines espèces sont pérennes, comme le thym – maintenu en place jusqu’à trois ans – ou encore le romarin, le cassis, les roses de Damas, les sureaux, les framboisiers, la reine-des-prés ou le houblon. Ces plantes sont utilisées non seulement pour leurs feuilles, leurs sommités fleuries, mais parfois aussi pour leurs fruits, comme le cassis (sirops) ou les framboisiers.

La récolte se fait principalement à la main, avec une attention particulière au bon moment de coupe : certaines plantes sont cueillies fleuries, d’autres non. Ses conseils pour garder le cap pendant la saison de récolte : ne pas dépasser deux heures de cueillette par jour, varier le type de cueillette (axée pétale ou plante) et alterner cueillette et mise au séchoir pour changer les positions et les mouvements.

Séchage artisanal

Après la récolte, les plantes aromatiques passent par une étape clé : le séchage. Anne-France a conçu elle-même son séchoir à partir d’un conteneur de récupération, aménagé avec soin. À l’intérieur, quatre colonnes accueillent plusieurs claies en grillage alimentaire, sur lesquelles les plantes sont étalées. Deux déshumidificateurs, achetés simplement chez Aldi, assurent une atmosphère sèche et constante. Petite astuce : l’eau récupérée par les appareils est donnée aux poules… qui profitent ainsi indirectement des principes actifs des plantes.

Le processus dure plusieurs heures, jusqu’à ce que les feuilles deviennent sèches et cassantes, signe qu’elles sont prêtes. Lors de notre passage, c’étaient des fleurs de roses qui embaumaient le séchoir.

 

 

Une fois séchées, les plantes sont stockées dans de grands sacs respirants, entreposés dans un second compartiment du conteneur, naturellement chaud. Cela permet d’attendre l’étape de transformation. Les sacs sont conçus pour éviter le retour de l’humidité, mais à l’automne ou en hiver, l’air devient plus humide. Dans ce cas, Anne-France y replace un déshumidificateur, parfois complété par un petit chauffage d’appoint.

La réussite du séchage dépend aussi beaucoup du moment de la récolte. Certaines plantes, comme la mélisse, sont très sensibles à l’humidité : elles doivent être cueillies par temps sec, sous peine de noircir en séchant. Les lamiacées en général (comme la menthe, la mélisse ou le basilic) sont particulièrement délicates. D’autres, comme la verveine, sont beaucoup plus tolérantes, même après un peu de pluie.

Mondage

Tout au long de l’année, Anne-France puise dans ses stocks pour reconstituer ses produits au fur et à mesure des besoins. Avant d’être transformées, certaines plantes (comme le basilic, la sauge ou encore les plantes à curry-miel) nécessitent une étape supplémentaire : le mondage. Cela consiste à retirer les feuilles de la tige principale. Le mondage, c’est souvent une activité du dimanche, faite en famille. Selon l’énergie du moment, le choix des plantes varie : la menthe donne un coup de fouet quand les troupes manquent d’énergie, la verveine apaise, et le romarin, avec ses arômes puissants, impose parfois… le port du masque !

Une fois triées, les petites feuilles sont placées dans des caisses en plastique puis transportées jusqu’à l’atelier d’Anne-France. Niché sous les toits, cet espace sans fenêtres reste naturellement chaud et à l’abri de la lumière — une condition essentielle pour préserver les propriétés des plantes. C’est là qu’elle compose ses mélanges de tisanes, procède à l’étiquetage et stocke les produits finis, prêts à la vente.

 

Commercialisation

Pour guider les consommateurs dans le choix de ses tisanes, Anne-France a mis en place un système d’emballage coloré. Chaque couleur correspond à une indication d’usage : orange pour la digestion, bleu pour le sommeil, jaune pour un effet tonique, et vert pour les voies respiratoires. Une manière simple et intuitive d’orienter les acheteurs sans entrer dans des allégations de santé trop directes.

En effet, la réglementation interdit d’attribuer des vertus thérapeutiques à des produits alimentaires ou de bien-être, sauf autorisation très encadrée. C’est pourquoi les noms des mélanges restent suggestifs : « Nuit Paisible » évoque le sommeil, ou « Lendemain de la veille », « Marchand de Sable », …

Anne-France tient aussi à indiquer le nom latin des plantes sur ses étiquettes. Cette rigueur dans l’information témoigne de son respect pour les plantes et pour ceux qui les consomment.

Épices maison

Dans son atelier, on découvre également sa gamme d’épices maison. Les feuilles séchées sont broyées au robot coupe, sauf pour les piments et les poivrons (pour la réalisation du paprika), qui attaquent l’inox de l’appareil. Ces préparations sont utilisées aussi bien dans ses propres produits que dans des collaborations locales, notamment avec un fromager. La demande existe parfois même en grande quantité mais l’échelle artisanale de sa production impose des limites. « Un biscuitier m’a demandé plusieurs dizaines de kilos d’épices, mais vu le poids d’une caisse de thym séché, on imagine vite le volume qu’il faudrait… », sourit Anne-France. Voir à l’avenir…

Une filière à connecter

Pour Anne-France, il manque aujourd’hui des espaces d’échange concrets sur les pratiques professionnelles : « Ce serait précieux de pouvoir rencontrer d’autres producteurs, simplement pour partager nos expériences, nos bonnes pratiques, et répondre aux nombreuses questions pratiques que nous rencontrons sur le terrain. » Ce message n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde ! 😉

Plus d’infos ?

Adresse de la ferme : Rue Tiefry 42, 7530 Gaurain-Ramecroix

Magasin ouvert le vendredi de 12h à 18h à la rue Tiefry 42, 7530 Gaurain-Ramecroix, et le samedi de 8h00-12h à la rue de Mortagne 50, 7604 Baugnies

https://www.facebook.com/flomaraichage

https://www.flomaraichage.be/

Contacts : Anne-France Peutte et Florian Henneuse, bio.flo@hotmail.com 0470 85 74 98

Retrouvez aussi d’autres informations sur la filière des plantes aromatiques bio par ici !


Autrice : Audrey Warny