Qu’est ce qu’un circuit court?
L’agriculteur doit aujourd’hui répondre aux exigences croissantes du consommateur en produisant des denrées de qualité, en quantité suffisante tout en respectant l’environnement. Il doit en même temps assurer la rentabilité de son exploitation agricole. Pour relever ces multiples défis, une solution s’offre à lui : le circuit court. Il s’agit d’une pratique de commercialisation des produits agricoles qui a longtemps été cantonné à quelques cercles militants, mais ce modèle alternatif devient de plus en plus en vogue en Europe, la Wallonie n’y échappe pas.
On parle de circuit court, lorsqu’on limite les intermédiaires entre l’agriculteur et le consommateur. Plus spécifiquement, un circuit court est un mode de commercialisation de produits agricoles ou horticoles, qu’ils soient bruts ou transformés, dans lequel au maximum un intermédiaire intervient entre le producteur et le consommateur (Région Wallonne DG03). Compte tenu de sa définition, le circuit court mène à une proximité à la fois géographique et relationnelle entre le producteur et le consommateur. Néanmoins du point de vue géographique, il n’y a pas de critère précis permettant de définir une distance au-delà de laquelle le circuit ne pourrait plus être qualifié de court.
Il existe une diversité de circuits courts qu’il est possible de classer selon plusieurs critères. Un critère simple est de tenir compte du nombre d’intervenants entre le producteur et le consommateur, soit aucun (vente directe) ou un (autre type de circuit court). Pour l’agriculteur, la vente directe permet de mener son activité en toute indépendance, de fixer les prix qu’il désire sans laisser de commission à un quelconque intermédiaire. Néanmoins, il se voit alors assurer seul, la commercialisation de son produit et les investissements inhérents à cette activité. Ci-dessous « dans quels types de circuits courts », les différents types de circuits courts sont présentés afin d’illustrer les multiples possibilités d’écouler des produits fermiers selon ce mode de commercialisation.
Quels avantages, quelles contraintes ?
Pour l’agriculteur, vendre ses produits en circuit court présente de nombreux avantages, mais cela nécessite aussi souvent quelques adaptations par rapport à un système de commercialisation classique.
Pour les avantages, le circuit court permet de mieux maîtriser le prix de vente et les débouchés commerciaux de sa production à l’abri des crises et des fluctuations des marchés. L’agriculteur peut alors bénéficier d’un prix équitable à la hauteur des efforts consentis. La diversification de son activité, notamment par la transformation de toute ou une partie de sa production, lui donne la possibilité de créer de la valeur ajoutée. De plus, ce type de pratique contribue à une meilleure reconnaissance du travail des agriculteurs. Le contact direct avec le consommateur permet d’avoir des retours sur la qualité de la production.
Pour les inconvénients, la vente en circuit court implique une diversification des activités de l’agriculteur. Ce dernier doit apprendre de nouveaux métiers, en parallèle à son métier de producteur, comme la vente de son produit (présentation, marketing, étiquetage) et la transformation (pain, soupe, yaourt, fromage…). Ces métiers nécessitent de nouvelles compétences qu’il faut souvent acquérir par le biais de formations continues ou par des expériences personnelles et demande du temps voir la collaboration d’une autre personne. De plus, la diversification entraîne de nouveaux investissements dont bien souvent une adaptation des bâtiments de l’exploitation. Il est dès lors recommandé de bien considérer ces différents points avant d’entamer l’aventure du circuit court.
Quels types de circuits courts ?
Vente directe : Aucun intermédiaire entre le producteur et le consommateur
Vente à la ferme
Magasin à la ferme
Point de vente permettant à un ou plusieurs producteurs de vendre leurs produits (bruts ou transformés) sur le site de la ferme. Pareil pour une boucherie, une fromagerie ou une boulangerie a la ferme.
Cueillette
Il existe deux types de cueillette à savoir la cueillette libre-service et la cueillette libre-récolte. Dans la cueillette libre-service, le consommateur cueille la récolte qu’il désire acheter et paye la quantité cueillie (ex : Marie’s Garden, …). Dans la cueillette libre-récolte, le consommateur achète à l’avance une production (ex : un arbre fruitier) et vient récolter ce qu’il désire.
Restauration à la ferme
Le producteur valorise ses produits fermiers sous forme de repas vendus et consommés sur place (ferme gourmande, table d’hôte à la ferme, ferme auberge).
Événement organisé à la ferme
Le producteur vend ses produits au cours d’une manifestation organisée à la ferme, par exemple dans le cadre de la Semaine bio ou des Journées Fermes Ouvertes.
Distributeur automatique de produits fermiers
Un appareil, réfrigéré ou non, est utilisé sur le site de la ferme ou à ses abords immédiats pour distribuer automatiquement des produits fermiers (fruits&légumes, lait, œufs, farine, conserve, fromage…) contre paiement en espèces ou électronique. Plusieurs entreprises se sont spécialisées dans la vente et la mise en place de ce type de distributeur.
Vente en dehors de la ferme
Marchés
Il existe plusieurs types de marchés. Les marchés classiques sont des lieux temporairement ouverts pour les producteurs et tout type de revendeurs. La liste des marchés classiques en Wallonie est disponible sur le site Internet www.marches-de-Belgique.be. Les marchés de producteurs sont des lieux de vente temporaires réservés aux producteurs fermiers exclusivement. La liste des marchés de producteurs est disponible sur le site www.saveurspaysannes.be. Pour la région de Liège, l’agenda de ces marchés est également disponible sur le site www.lafermeadomicile.be.
Vente en bordure de route
Comme son nom l’indique, il s’agit de la vente, par le producteur, de ses propres produits le long d’une route. Pour ce faire, le producteur doit préalablement demander une autorisation à la commune. Ex : fraises en saison.
Vente par livraison à domicile ou dans des points de relais
Le producteur organise une tournée de distribution de ses produits aux particuliers. Il peut s’agir de colis de viande, de paniers de légumes (provenant uniquement d’une seule ferme), de produits laitiers ou tout autre type de produit.
Vente par correspondance
Le producteur gère la commande de produits fermiers à distance (site internet, téléphone, courrier…) et l’envoie au consommateur via la poste ou une société de livraison.
Vente dans des foires, salons
Le producteur participe à un événement organisé par un tiers, où il présente et vend ses produits sur un stand qui lui est réservé ou qu’il partage avec d’autres producteurs. Ex : salon Valériane, Aubépine,…
Vente dans un point de vente collectif
Plusieurs producteurs s’unissent et gèrent en commun un point de vente pour leurs produits. Ce point de vente est tenu grâce à un système de permanences réparties, entre les producteurs.
Vente à un Groupement d’Achat
Un groupement d’achat est une association de consommateurs qui créent un partenariat avec des producteurs locaux. Il commande directement aux producteurs une partie de sa récolte.
Autre type de circuit court : 1 intermédiaire entre le producteur et le consommateur
Vente par un autre producteur
Vente de produits bio chez un autre producteur, qui les revend à son compte ou chez qui ces produits sont en dépôt-vente.
Vente à un magasin en direct
Vente de produits bio sans passer par un distributeur à des commerces comme des :
- Magasins bio, exemple : La Biosphère
- Magasins de produits locaux, exemple : Magasin d’ici (www.d-ici.be)
- Magasins de proximité (boulangerie, boucherie, épicerie,…)
- Grande distribution (Carrefour et son rayon de produits locaux, Delitraiteur, Delhaize,…). Les structures provinciales organisent des rencontres avec la grande distribution et soutiennent l’approvisionnement de ceux-ci par des producteurs en circuit court.
Vente à des collectivités ou à des restaurants en direct
Le producteur vend ses produits directement à des maisons de repos, des crèches, des écoles, des cantines d’entreprise, des hôpitaux ou à des restaurants classiques. Le site internet www.lecliclocal.be permet aux producteurs inscrits d’être visibles directement auprès des collectivités intéressées par l’achat en circuit court même dans le cadre de marchés publics. Dans la province de Durbuy, les producteurs peuvent être mis en contact directement avec les restaurateurs via le site www.literroir.be sur lequel ces derniers peuvent passer commande.
Vente à une coopérative de producteurs
Vente de produits via une coopérative. Il en existe plusieurs en Wallonie, entièrement bio ou non, spécialisé dans un produit ou non.
Vente par l’intermédiaire de dépôt de paniers
Il s’agit de la vente de produits provenant de plusieurs producteurs dans un panier préparé à l’avance. La composition du panier est soit imposée par les producteurs (panier-type), soit décidée par les consommateurs sur base d’une liste de produits disponibles.
Vente via un réseau de promotion des produits du terroir
Il s’agit de structures associatives ou publiques qui rassemblent des produits de terroir chez différents producteurs et organisent la vente aux consommateurs. Ces produits peuvent être réunis sous une marque collective (en France : Ardennes de France).
Vente via des plateformes Internet
Plusieurs plateformes Internet ont été créées ces deux dernières années afin de faciliter la vente de produits fermiers en Wallonie.
En savoir plus: Itineraires-BIO-17
Source :
Léonard Vincent, Essai de typologie des modes de commercialisation des produits fermiers en circuits courts, Observatoire de la consommation alimentaire, ULG-Gembloux ABT (http://hdl.handle.net/2268/81836)