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L’asbl les 5C : un exemple de partage de savoir-faire et d’outils pour optimiser le circuit-court

L’asbl les 5C : un exemple de partage de savoir-faire et d’outils pour optimiser le circuit-court

L’asbl 5C (pour Collectif des Coopératives Citoyennes pour le Circuit Court) a été créée en juin 2017 avec le projet de renforcer les coopératives citoyennes de commercialisation en circuits courts, en structurant et en intensifiant leurs échanges de pratiques et de savoir-faire, et en construisant des coopérations concrètes. A sa naissance, l’asbl réunissait 6 coopératives actives sur le territoire wallon, qui partageaient un ensemble de valeurs et de stratégies communes. Aujourd’hui, le collectif 5C rassemble 19 coopératives citoyennes à travers toute la Wallonie.

Qui peut faire partie de l’asbl ?

Pour faire partie de l’asbl, les coopératives doivent pouvoir démontrer qu’elles défendent une agriculture paysanne sur un territoire bien défini. Elles doivent être composées de petits producteurs qui travaillent en réseau et font de la qualité différenciée (agriculture biologique, raisonnée, …) et dont la majorité des ventes se fait en circuits courts. Il peut s’agir de coopératives de producteurs (comme Coprosain, La Botte paysanne, …), de coopératives de consommateurs (comme les magasins coopératifs Coopéco et Vervîcoop) ou encore de coopératives de producteurs et de consommateurs (comme Paysans-Artisans, …). L’asbl peut également accueillir une structure d’encadrement, qui n’a pas le statut de coopérative, pour autant que celle-ci donne naissance à une coopérative dans les deux ans. Ce qui a été le cas pour le GAL de l’Entre Sambre et Meuse qui a donné naissance à la coopérative CoopESEM.

Quel est l’objectif du collectif 5C ?

L’objectif de cette asbl est de rendre des services à ses membres et de renforcer le circuit court par un partage de savoir-faire et d’outils. L’asbl a ainsi développé un logiciel d’e-commerce que chaque coopérative peut utiliser selon ses besoins. Elle organise également des groupes de travail afin d’échanger sur des bonnes pratiques et ainsi améliorer les stratégies d’organisation et de communication que chacun pourra ensuite appliquer sur son territoire. Un des derniers sujets abordait les démarches administratives lors de l’engagement d’une première personne ou encore les démarches pour obtenir des aides à l’emploi.

L’asbl travaille en outre à renforcer la gestion logistique au sein des coopératives et surtout, la logistique entre elles et entre leurs territoires, afin de leur permettre d’élargir leur offre avec des produits d’autres membres de l’asbl et des produits provenant de l’étranger. Elle travaille également au développement de magasins de proximité de taille réfléchie et à la mutualisation d’outils de transformation (légumerie, bocalerie).

Un des gros projets-pilotes en cours, prévu pour début 2020, est la création d’un zoning « circuit court » à Suarlée. L’objectif est d’y construire, dans un premier temps, une légumerie, une bocalerie, un abattoir de volaille, un atelier de découpe et, dans un deuxième temps, un espace d’expédition/stockage mutualisé (max 900 m²).

L’objectif est de dupliquer de tels outils sur d’autres territoires afin de développer le circuit court sur toute la Wallonie et éventuellement jusqu’à Bruxelles.

Quels sont les aspects pratiques des futurs outils partagés ?

  • L’abattoir de volailles pourra accueillir tout producteur, membre de l’asbl 5C ou non, certifié bio ou non, pour autant qu’il ne dépasse pas 7000 volailles abattues par an.
  • La bocalerie (Le P’tit Bocal) a pour but d’inciter les producteurs des coopératives à préférer des contenants en verre plutôt que des emballages plastiques. Un contenant avec un logo commun sera ainsi disponible à l’ensemble des producteurs. La bocalerie permettra le nettoyage des contenants consignés et sera également équipée d’un doseur et d’un autoclave (pour les yaourts par exemple).
  • La légumerie (La Petite Légumerie) sera équipée pour le frais (nettoyage et découpe de légumes) mais permettra également de réaliser des préparations à base de fruits et légumes (soupes, sauces,…). Deux options seront possibles : soit un producteur payera le service de transformation, soit un transformateur pourra louer l’espace et les outils. Les coopératives membres souhaitent, grâce à cet outil, soutenir leurs maraîchers à la recherche de nouveaux débouchés et élargir la gamme de produits vers une clientèle nouvelle (les collectivités et l’Horeca), en demande de légumes déjà nettoyés, épluchés et découpés.
  • L’atelier de découpe sera occupé par le boucher-charcutier-traiteur Frédéric Baivy des Papilles Ravies. L’atelier ne pourra être loué mais un travail à façon sera possible.

 

Selon l’asbl 5C, l’abattoir et la légumerie seront certifiés bio. Rien n’est encore décidé pour l’atelier de découpe et la bocalerie.

Une revue trimestrielle en projet

Soucieux de promouvoir une vision alternative de l’agriculture et de l’alimentation et de mener un travail d’éducation citoyenne autour des enjeux de l’agriculture et de l’alimentation, le Collectif, en partenariat avec la FUGEA et une quinzaine d’associations, publiera dès la fin de l’année une revue trimestrielle dédiée aux enjeux de l’agriculture et de l’alimentation. La revue veut renouer avec une presse d’opinion engagée prête à décortiquer les grands enjeux du secteur et à enquêter et dénoncer certaines pratiques de l’agro-industrie et de la grande distribution. Mais elle entend aussi être le miroir d’un fourmillement d’initiatives en faveur de l’agriculture paysanne, l’agro-écologie et le circuit court, relatées par des portraits, reportages et récits qui allient sensibilité humaine et de terrain.

L’asbl se bat pour construire et diffuser le modèle de production et de distribution en circuits courts. Selon Benoit Dave, président de l’asbl 5C et coordinateur de la coopérative Paysans-Artisans, pour avoir une filière « circuit court » optimale, il faut augmenter les volumes et cela nécessite de travailler sur la logistique. La question du prix juste est également importante. Le consommateur doit accepter que ce prix soit plus élevé qu’au sein de la grande distribution et que la question de l’accessibilité est avant tout liée à des choix culturels, politiques, …

Un gros travail de sensibilisation, d’information et de communication sur un nouveau modèle économique est nécessaire afin de situer le consommateur, souvent coincé entre les publicités pour un bio industriel et les campagnes pour le local sans qualité différenciée » nous dit-il.

Voir l’ensemble des coopératives membres

Article paru dans Itinéraires BIO n°46 en mai 2019
Auteurs: Mélanie Mailleux, Ariane Beaudelot